Tempérance, jour 6 – 22 octobre 2019

Disparitions
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Il n’y a pas si longtemps, j’ai compris une règle importante : je dois aimer regarder mes images. Ici, pas question d’onanisme ou d’autosatisfecit, je parle d’éviter les photos aussi vite prises qu’oubliées, aussi vite oubliées que regardées.

Je réponds encore trop souvent à la pulsion de l’instantané : un moment capté, comme n’importe qui pourrait le faire, et qui s’avère totalement ennuyeux à la relecture. Aucune personnalité, aucune réinterprétation du réel, rien qui ne pousse à contempler l’image.

Il est commun de ne pas aimer se retourner sur son travail passé. On entend bien des artistes le déclarer dans les interviews. Mais ce n’est pas un bon critère me concernant. Pas de fausse modestie : si je ne ressens pas de motivation à le regarder, c’est sans doute juste mauvais !

Habituellement, je ne montre pas mon travail. Si je dois en être le seul spectateur autant qu’il ne m’ennuie pas. Je dois pouvoir revoir l’image avec intérêt, dès le moment du tri et lors de toutes les autres étapes… Quelque chose doit décoller et m’extraire du moment où elle a été réalisée. Une photo intéressante, c’est une photo qui me fait voyager. Et si elle m’intéresse, elle aura une chance d’en intéresser d’autres. Le désir de voir et de revoir un cliché fait donc partie de la fabrication de la photo.

C’est ce qui manquait aux premiers clichés de « Tempérance ». J’ai bien fait de me laisser une période de rodage. Je sais que ce n’est pas une garantie de faire des photos géniales, mais c’est un début de boussole pour me guider dans mon travail : Il me faut prendre une image que j’aurai plaisir à revoir.

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