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Je ne souffre pas tant que ça de la mort de mon père. Je répète à qui s’inquiète de mon sort que ça va, que presque tous les autres scénarios étaient pires pour lui et pires pour nous. Que j’ai pu solder nos comptes moraux et affectifs peu avant son décès.
Je crois avoir de la chance, je le dis. Mais si j’ai peu pleuré, je suis bien prisonnier d’un brouillard tenace. Si on me demande ce que j’ai fait la veille, impossible de m’en souvenir. Je sais globalement où j’étais, sans que rien ne soit défini, rien sauf les photos. Cette expérience devient un repère, bientôt un travail. Des pilotis pour naviguer à vue sur une déroutante lagune.