Je ne découvrirai pas de nouvelle espèce, tant pis. Je ne ferai pas de choses rares et exquises, qu’importe. Mais je serai quand même témoin de ce qui se passe autour de moi. Je note les signes de changement climatique, les espèces jamais répertoriées chez nous. Certains papillons n’ont qu’un cycle de ce côté de la méditerranée et deux en Afrique, j’imagine un jour être le témoin des deux cycles par chez nous. Certaines choses sont tristes à voir, d’autres non, je m’en ferai le témoin.
Idem pour la photo. Si aucun Albert Einstein ne tirera jamais la langue à mon objectif, je peux quand même extraire le meilleur de ce qui m’entoure. Je n’insulte pas l’avenir, j’ai juste moins d’opportunités que dans une grande ville. Ou elles sont différentes. En tous cas, je n’ai pas les opportunités de photo de rue et de photojournalisme que pratiquent les photographes qui m’inspirent.
Je n’ai pas complètement renoncé aux voyages, j’en fait juste très peu et pas très loin. J’ai aussi une idée d’autonomie – bien relative quand on dépend de la complexité d’un reflex numérique – en voulant faire les choses à pied et à portée de regard et de main. Je fantasme sur des images faites avec trois fois rien quand même sur un sténopé, un liquide sensible, de la gomme arabique. Un jour peut-être.