Qui sont les naufragés ?
Voici la troisième dérogation à Tempérance.
Ce jour là, il fait gris, je ne suis pas alerte, j’ai du mal à trouver ma lumière ou mon sujet. J’aime le ciel de pluie, de brume ou d’orage mais déteste celui de couverture. Il ne se passe rien, tout est blafard et, sans un coup de pluie, le décor ne profite même pas d’être contrasté par l’effet vernissant de l’eau. C’est extrêmement rare mais j’aimerais bien avoir un filtre polarisant. Faire l’impasse sur cet outil est un de mes rares choix technique revendiqué. Il permet, entre autres, de gommer les réverbérations blafardes sur les objets, les vitres, le feuillage… Mais j’aime les lumières naturelles, même ingrates, à moi d’en tirer quelque chose.
Il semble que je ne sois pas à mon affaire. J’enchaîne les clichés aux mauvais réglages et aux mauvais cadrages. Pourtant, je vois des choses, mais ça ne vient pas. Devant les boxes à chevaux je me dis même que j’aimerais les peindre, si je pratiquais la peinture. Ce serait le genre de sujet que je choisirais, des blocs et des aplats de couleurs qui se répondent et se reconstruisent les uns les autres. Pour l’instant je suis confronté à mes limites et celles de l’appareil. Le sens comme l’émotion peinent à apparaître. La gare désaffectée a beaucoup à dire. Qu’est-ce que j’en ai tiré ?
Je suis insatisfait et le suis toujours autant, 6 mois plus tard, au moment de la publication. J’ai bien retouché les images, le contraste, la saturation et surtout le cadrage. Je ne suis pas convaincu. Je triche un peu grâce aux titres.
Lors de ma première dérogation, je ne pouvais choisir entre deux images affectionnées, cette fois, je n’ai comme choix que la moins médiocre.